mardi 29 novembre 2011

Les propositions du PCF pour la Recherche et l'enseignement supérieur : introduction au programme et des éléméntspour nouveaux principes fondateurs.

Ce programme est un tout inachevé. C’est un tout par les orientations qu’il préconise, par les sujets traités qui visent l’ensemble de l’enseignement supérieur et de la recherche. Une partie importante est reflétée dans le Programme populaire partagé du Front de Gauche. Ce document néanmoins vise à davantage d’élucidation et de netteté sur certaines propositions. Il faut ajouter d’ailleurs qu’il n’existe pas de grands désaccords persistants sur ces questions entre les formations du Front de Gauche, mais des accents toniques différents.

En ce qui concerne son caractère inachevé, les raisons sont multiples : d’abord, le PCF n’a pas réponse à tout et n’y prétend pas ; ensuite, ce qui est au moins aussi important, ce programme a vocation à être discuté critiqué et enrichi.

Comment le lire ? Effort a été fait pour présenter chaque fois que possible des mesures immédiates et par ailleurs des orientations maîtresses. Reste une question qui n’est pas la moindre : à n’en pas douter, le Front de Gauche aura, à l’issue de la séquence présidentielle législative de 2012, de nombreux élus et parmi eux majoritairement des élu-e-s communistes ; les conditions d’une majorité présidentielle de gauche seront réunies, mais non celles d’un contrat de gouvernement ; pour ce dernier point en tout cas, le positionnement actuel du PS sur des questions fondamentales rende cette hypothèse peu probable.


Ce programme est-il donc un exercice obligé mais de peu d’importance pratique ? Nous ne le pensons pas, pour plusieurs raisons. D’abord un tel programme fixe un cap et des repères ; ce sont eux qui détermineront l’action des parlementaires communistes, en soutenant, quand c’est conforme aux impératifs de la période, en critiquant et en proposant des amendements s’il y a lieu, et en combattant s’il le faut des orientations trop conformes aux exigences libérales.
Ensuite, nous en sommes convaincus, ce programme accompagnera toute la législature à venir et au-delà. Il inspirera nécessairement les actions collectives, voire les luttes destinées à faire aboutir des exigences légitimes qui n’ont que trop tardé à être satisfaites.

Ce programme ne peut se lire indépendamment de la critique fouillée, que nous présentons en même temps, des orientations publiques à cette date du PS. La législature à venir sera nécessairement riche en débats politiques. Nous voulons que la Gauche réussisse, nous ne voulons pas d’une réédition des abandons qui ont ramené la droite au pouvoir avec les effets dévastateurs que nous connaissons.

Chapitre 1 : de nouveaux principes fondateurs

Le service public d’Enseignement supérieur et de recherche doit relever des défis majeurs. parmi eux :

• Celui de l’élargissement à toute la société des capacités d’accès aux formes les plus élaborées du savoir en mouvement ; ceci inclut la formation permanente qui doit devenir un service public.
• Celui de permettre à tout étudiant-e d’aller au bout de ses capacités sans limitation d’ordre financier ou social, en ayant le souci permanent de la validation des parcours et des acquis.
• Celui du partage d’une culture commune, essentielle à la construction et à l’épanouissement de chacun(e).
• Celui d’offrir à tout étudiant-e des parcours innovants offrant des possibilités réelles à chaque niveau du cursus universitaire de formation professionnelle, de préparation à des emplois de haute qualification dans le cadre d’un référentiel national.
• Celui de la participation sous des formes profondément renouvelées à la coopération scientifique mondiale et particulièrement avec les pays de l’hémisphère sud où tout est à reprendre.
• La nécessité de trouver les moyens de la démocratie efficace : démocratie, car les partenaires des choix d’enseignement supérieur sont divers et tous doivent avoir la latitude d’exprimer leur point de vue et d’être pris réellement en considération ; démocratie, car les décisions complexes ne sont concevables et efficaces que si tous les acteurs contribuent ; efficacité, car les choix sont nécessaires et leur rythme ne peut être modifié à volonté. La démocratie n’est pas l’enlisement.

Six principes qui ne sont pas exhaustifs nous semblent fondamentaux :

• Libérer les capacités d’initiative en lieu et place du contrôle bureaucratique.
• Substituer la coopération en lieu et place d’une « compétitivité » qui n’est rien d’autre que celle de la rivalité des capitaux.
• Transformer les pôles de compétitivité en pôles de coopération à vocation scientifique, technologique et industrielle : cela implique le principe de l’égalité d’accès de toutes et tous, la libre association, la mise en commun et le partage des compétences et des ressources, la garantie de financements publics stables et récurrents.
• Assurer la garantie fondamentale de l’indépendance intellectuelle des travailleurs scientifiques vis-à-vis de toute pression étatique, idéologique, économique.
Ce principe se décline de façon différenciée suivant qu’il s’agisse de la recherche fondamentale ou appliquée, technologique et industrielle, publique ou privée mais il doit être constitutionnalisé.
• Substituer la pratique et les outils de la démocratie efficace en lieu et place de la logique managériale.
• Substituer à la précarité l’emploi pérenne dès les premiers travaux, avant la thèse, en anticipant les mobilités nécessaires, et remplacer la logique des « créneaux » par le front continu des connaissances.

Quatre conditions doivent à notre sens être remplies pour donner au développement scientifique son plein sens de progrès culturel, économique et social :

• Le soustraire à la pression des multinationales, lui donner les moyens de remplir sa mission, développer la démocratie dans la gestion des personnels, l’évaluation des équipes et la définition des thèmes de recherche.
• Renforcer le secteur public de recherche fondamentale dégagé de toute obligation d’application, mais voué au développement d’un front continu des connaissances.
• Encourager la coopération de ce secteur public avec le secteur industriel, public ou privé, sur la base de l’avantage mutuel et dans le cadre d’une logique de service publique prévalente. Mettre fin à la subordination actuelle de la recherche publique aux besoins industriels. Les modalités nouvelles d’appropriation sociale du secteur industriel, décrites ailleurs dans le Programme populaire partagé (droits nouveaux des travailleurs, constitution de pôles industriels publics démocratisés etc.), poseront le problème de la coopération entre secteurs de recherche fondamentale, recherche appliquée et recherche-développement en termes nouveaux.
• Reconnaître toutes les formations à Bac+5 et du grade de Docteur dans les conventions collectives et définition des attributions au niveau de l’UE. Plus généralement, revoir l’ensemble des équivalences et grades et leur relation avec les conventions collectives.

Par ailleurs, tout le développement récent, y inclus la catastrophe de Fukushima, impose la création de nouvelles instances de dialogue et de propositions entre la collectivité scientifique et l’ensemble de la société :

Nous proposons donc la création à l’échelle du pays d’un réseau de forums citoyens de la science de la technologie et de la culture, instances nouvelles dotées de pouvoir d’enquête, indépendants de tout pouvoir politique, de toute pression économique.
Leur composition fera appel à toutes les formes associatives et organisationnelles existantes, leurs débats seront publics. Le droit citoyen à intervenir dans le processus de développement de la recherche sera inscrit dans la constitution.

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