A l’initiative des Amis de l’Huma, se sont retrouvés à Montpellier ce lundi 2 avril des représentants nationaux des formations de gauche : Bertrand Monthubert (PS), Marc Lipinski (EELV), Olivier Gebuhrer (Front de gauche - PCF), Jean Malifaud (NPA). 6 mois après une rencontre analogue à Toulouse, l’occasion était belle de faire le point sur cinq questions :
1) V. Pécresse a affirmé constamment que la Loi dite de « Rénovation des universités », "personne n'y touchera " ; mais la présidente de l’Université Paul-Valéry, les représentants élus des personnels du CNRS, demandent des ruptures franches avec la politique actuelle d'Enseignement supérieur et de Recherche ; où en est à ce sujet la réflexion de vos formations ?
2) Comment voyez vous la suite immédiate d'une victoire de la gauche sur les questions de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche ?
3) Comment situez vous ces questions par rapport aux enjeux européens ?
4) Les étudiants et l'accès aux études supérieures.
5) Recherche publique et recherche privée : le cas de Montpellier, avec le centre de recherche de Sanofi-Aventis.
Premier à intervenir, B. Monthubert a opposé certaines tièdes déclarations de dirigeants du PS (on n’oublie pas que le président socialiste de la Région Languedoc-Roussillon avait morigéné les présidents des universités locales pour n’avoir pas satisfait à la demande ministérielle de fusion et de course à l’excellence), aux récentes prises de positions de son candidat, annonçant qu’il fallait revenir sur cette loi. Anne Fraïsse, présidente de l’université Paul-Valéry, dont la liste vient d’être triomphalement réélue en s’opposant à cette fusion, a pris la parole pour rappeler ses vives apostrophes au candidat socialiste (voir L’Humanité du 14 février), et confirmé l’essentiel des ses inquiétudes.
Le constat de la terrible situation du domaine créée par la politique sarkozienne a fait l’objet d’un large consensus, ponctué par les étudiantes à la tribune : Emma et Marion Guenot (secrétaire de l’UEC), dénonçant l’usage des étudiants comme variables d’ajustement du marché du travail des précaires, dans une ville qui contient le plus grand nombre d’étudiants boursiers, tous en difficulté plus ou moins grande de vie et d’études. La proposition de remplacer la demi-part de réduction d’impôt sur le revenu par une allocation d’étude, soutenue par M. Lipinski (EELV) n’a pas suscité un enthousiasme considérable.
On n’a pu qu’évoquer très vite la casse de la formation des maîtres, et le moyen de favoriser les recrutements par des pré-recrutements spécifiques. Sur les problèmes posés par le rapport entre recherche publique et recherche privée, Paul Sindic, ancien représentant syndical au conseil d’administration de Sanofi, a fait état du besoin de répliquer aux menaces de fermeture par un projet de recherche et de fabrication piloté par le service public du médicament.
O. Gebuhrer (Fdg) a insisté sur la nécessité de marquer d’emblée la rupture avec la politique actuelle, contraire au meilleur des traditions universitaires de coopération et de démocratie, avec un usage frelaté d’une pseudo-autonomie, en fait mettant la connaissance au service direct des puissances d’argent. Il a proposé au contraire d’ouvrir tout de suite un chantier de contribution législative nationale à partir des instances élues par leurs pairs (CNESER, CoNRS, CNU) aujourd’hui traitées avec mépris. Sa dénonciation du carcan des mécanismes européens à l’égard de toute modification budgétaire nationale de dépense nouvelle, pourtant indispensable, n’a pas été reprise par le porte-parole socialiste, et pour cause, puisque le PS s’est abstenu au Parlement sur le sujet.
A J. Malifaud (NPA-Gauche anticapitaliste), proposant de se préparer à lutter ensemble pour que le futur gouvernement de gauche prennent les mesures nécessaires, O. Gebuhrer a rappelé que, en l’état actuel, les conditions n’étaient pas réunies pour qu’une participation du Front de Gauche au gouvernement soit possible ; mais que le succès de sa campagne poussait à prendre sérieusement en compte la perspective d’une nouvelle forme de gouvernement selon la formule : « Place au peuple, prenez vos affaires en mains ! ». De plus la dimension internationale d’une victoire de la gauche en France, disposant d’un fort courant de radicalité représenté par le Front de Gauche, serait un coup de tonnerre susceptible de changer tous les rapports de force avec le grand capital, non seulement en France, mais aussi en Europe et dans le monde.
Les organisations syndicales étaient représentées dans le public et n’ont pas manqué de questionner et de faire part de leurs préoccupations et de leurs espoirs : UNEF, Sud, SNCS-FSU (avec son secrétaire général), SNTRS-CGT…
On se donne rendez-vous pour un nouveau débat, plus local celui-ci, au moment des législatives. Mais déjà des candidats étaient présents ou représentés, dont tous ceux du Front de gauche…
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