
Peut-on parler de la science ? Doit-on parler des sciences, au pluriel ?
On doit, bien sûr, parler des sciences différentes, et de leur
spécificité. On insiste à juste titre sur les SHS, sciences de l’homme
et de la société. Les disciplines scolaires donnent une image de la
diversité des sciences, d’autant plus qu’en France elles sont bien
séparées. Quand on pense aux développements les plus marquants du siècle
dernier, c’est à des sciences nouvelles qu’on songe : la physique
quantique, l’astrophysique, l’informatique, la biologie moléculaire.
Peut-on dans ces conditions parler de « la science » ? Oui à mon avis.
Toutes les sciences ont un commun, un certain exercice de la raison,
c’est-à-dire de la mémoire, de l’imagination, de l’esprit critique, de
l’aptitude à la mise en forme, que l’on peut appeler la méthode
scientifique sans chercher par là à trop la formaliser. Elles ont en
commun, sous des formes diverses, le besoin de communiquer. Ensemble,
elles constituent un système coordonné de connaissances, et c’est ce
système, en évolution constante, qu’on peut appeler la science.
Il y a des analogies profondes entre la science et la politique. Il y a bien des politiques, à différents niveaux, pour différents objets, correspondant à différents intérêts. Mais la politique est une notion générale qui a sa valeur, et qu’il nous incombe de valoriser. Ce que Victor Hugo a écrit sur la science me paraît parfaitement pertinent, plus même que ce qu’il a écrit sur l’art. La science est imparfaite, toujours en mouvement, elle recherche mais n’atteint jamais la vérité, elle se construit en se détruisant sans cesse, mais, dit Victor Hugo, « vénérons cette servante magnifique ». La politique que nous voudrions mener, elle aussi, doit être une recherche permanente, un système coordonné mais sans cesse en mouvement, au service des peuples présents et à venir.
Dans toute vision large de la politique il me semble que la science a sa place.
Il y a des analogies profondes entre la science et la politique. Il y a bien des politiques, à différents niveaux, pour différents objets, correspondant à différents intérêts. Mais la politique est une notion générale qui a sa valeur, et qu’il nous incombe de valoriser. Ce que Victor Hugo a écrit sur la science me paraît parfaitement pertinent, plus même que ce qu’il a écrit sur l’art. La science est imparfaite, toujours en mouvement, elle recherche mais n’atteint jamais la vérité, elle se construit en se détruisant sans cesse, mais, dit Victor Hugo, « vénérons cette servante magnifique ». La politique que nous voudrions mener, elle aussi, doit être une recherche permanente, un système coordonné mais sans cesse en mouvement, au service des peuples présents et à venir.
Dans toute vision large de la politique il me semble que la science a sa place.
Y a-t-il divorce entre la science et la société ?
La question mérite examen, et d’abord d’être elle-même questionnée. On
ne pose pas la question du divorce entre la finance et la société.
Pourquoi ? C’est que quels que soient les griefs de chacun à l’égard de
la finance, la société est actuellement structurée par elle. Elle
inspire la politique, elle est omniprésente dans les média, elle
s’impose comme constitutive de la société où nous vivons. La science n’a
pas ces privilèges. Et quelle que soit la sympathie que l’on porte à la
science, et quel que soit le rôle qu’elle joue dans la conscience
commune et dans la vie sociale, elle n’est pas partie constitutive de
notre société. Elle n’inspire pas la politique actuelle, elle est
absente des média, la question du divorce avec la société est donc
pertinente, relativement à la situation que nous vivons.
Après Hiroshima, et devant la menace d’une guerre atomique, la science n’était pas mise en cause, et seuls quelques esprits inquiets, les marxistes Bernal en Angleterre et Langevin en France, mettaient en garde contre le retard de la conscience commune à prendre en compte les ressources et les dangers du développement de la physique. Dans l’ensemble, la période que nous appelons en France les Trente glorieuses a été une époque de grande confiance dans la science. Mais le retard n’a pas diminué, il s’est augmenté au contraire des avancées scientifiques et de leurs usages au bénéfice du capitalisme. Faute de mettre en cause le capitalisme, certains mettent en cause la science. La correction peut venir en partie des scientifiques, de la manière dont les sciences sont enseignées, de la manière de les présenter, mais l’essentiel de la correction viendra de la politique si nous parvenons à en changer le cours. En attendant, l’idée de l’appropriation collective des connaissances scientifiques peut utilement faire son chemin.
Après Hiroshima, et devant la menace d’une guerre atomique, la science n’était pas mise en cause, et seuls quelques esprits inquiets, les marxistes Bernal en Angleterre et Langevin en France, mettaient en garde contre le retard de la conscience commune à prendre en compte les ressources et les dangers du développement de la physique. Dans l’ensemble, la période que nous appelons en France les Trente glorieuses a été une époque de grande confiance dans la science. Mais le retard n’a pas diminué, il s’est augmenté au contraire des avancées scientifiques et de leurs usages au bénéfice du capitalisme. Faute de mettre en cause le capitalisme, certains mettent en cause la science. La correction peut venir en partie des scientifiques, de la manière dont les sciences sont enseignées, de la manière de les présenter, mais l’essentiel de la correction viendra de la politique si nous parvenons à en changer le cours. En attendant, l’idée de l’appropriation collective des connaissances scientifiques peut utilement faire son chemin.