
L’année 2014 s’ouvre
sur l’officialisation du tournant libéral de la majorité présidentielle.
La déclaration de guerre à la finance et aux excès du marché s’est
perdue dans les archives électorales du Parti socialiste. Avec cynisme
et sans vergogne, le mal nommé « pacte de responsabilité » fait appel
aux forces économiques et financières pour sortir le pays d’une crise
dont elles sont les premières responsables…
Derrière l’initiative présidentielle, il y a un programme patronal
que le chef de l’État s’est engagé à mettre en œuvre ; une décision
historique symbolisant à elle seule un mouvement plus global : la
droitisation de la social-démocratie en Europe, Schröder et Tony Blair
s’étant imposés comme des références en la matière. Cette tendance
lourde s’inscrit elle-même dans la continuité de la soumission du
pouvoir politique aux forces économiques et financières, le premier
étant réduit à la fonction d’exécutant des secondes.
Malgré sa tradition républicaine et son sens de l’intérêt général, la
France n’échappe pas à cette dérive des démocraties modernes. Le
« pacte de responsabilité » ou « de confiance », selon la terminologie
de l’Élysée ou du Medef, n’est rien d’autre qu’un pacte de co-gestion du
pays sur la base d’un programme commun animé par les préceptes
libéraux ! Un plan d’action, dont la lettre et l’esprit sont directement
inspirés par Pierre Gattaz, le patron du Medef, lequel a reconnu, sans
être contredit, qu’il avait apporté le pacte de responsabilité « sur un
plateau » au Président de la République. L’organisation patronale
s’affirme ainsi comme la principale source d’influence de la politique
nationale menée par une majorité au pouvoir qui s’éloigne des valeurs de
solidarité et de justice sociale propres à la gauche. Dès lors, peut-on
encore considérer que « la gauche est au pouvoir » ? Le doute est, plus
que jamais, permis…