Le « produire français » de Nicolas Sarkozy visitant les skis Rossignol, au sujet desquels on évitera
tout jeu de mots facile sur le chant
des oiseaux, serait, selon l’expression
de Claire Chazal sur TF1(début janvier NDR) , « repris par d’autres candidats ».
Singulier maniement des temps
qui amène le téléspectateur à penser que ceux qui ont évoqué le sujet avant le chef de l’État ne font que reprendre son propos. On pourrait du reste rappeler
à ce sujet que « Produisons français » fut, dès le début
des années quatre-vingt, un axe majeur des propositions du PCF, objet pour cette raison de procès à répétition
en chauvinisme, xénophobie, obsessions patriotardes
et condamné définitivement en tant qu’analphabète
de la mondialisation. À cette même époque, du reste,
des entreprises comme Rossignol et bien d’autres
étaient vantées pour leur présence sur le marché mondial, leur capacité d’adaptation et la pertinence de leurs délocalisations.
À en rester aux propos du chef de l’État,
il est vrai qu’il s’agit bien de produire français avant d’acheter français – comme le claironne le FN
en en faisant une des facettes de « la préférence nationale ». Pour acheter, il faut produire, et il ne s’agit pas là de repli ou de protectionnisme, mais de la nécessité
pour le pays de restaurer une vraie capacité industrielle, terriblement compromise. Là encore, les discours n’ont pas manqué qui exaltaient le tertiaire et les services comme les nouveaux secteurs porteurs,
et particulièrement
en termes de croissance financière et de niches de profit. Il est vrai aussi que Nicolas Sarkozy, lorsqu’il n’était que ministre
des Finances, fut l’auteur de quelques beaux discours sur la production nationale, à l’intention des salariés d’Alstom, d’entreprises comme Facom, qui, depuis,
a délocalisé, de Sediver, qui a été liquidée. C’est que
les discours sont une chose, mais que les chiffres sont têtus. L’industrie ne représente plus en France
que 13 % de la création de richesses contre 18 %
au début de la décennie. En trente ans, la France
est passée de 5,3 millions d’emplois industriels
à 3,4 millions. L’an dernier, alors que Nicolas Sarkozy
est au pouvoir depuis 2007, 72 000 emplois ont encore été supprimés.
En réalité, il n’est que de lire, par exemple,
le Figaro, pour percevoir les limites des propos
du chef de l’État, pour ne pas dire la démagogie. Ainsi, écrit son éditorialiste, il revient aux politiques « de créer un environnement propice à la création d’emplois » et,
de ce point de vue, « nous sommes encore loin du compte. Entre le poids excessif des charges sociales, la rigidité dissuasive de la législation du travail et une instabilité fiscale chronique, beaucoup reste à faire pour la promotion
du made in France ». En d’autres termes, pour le journal de la droite, il faut toujours aller plus loin dans le sens
des politiques qui ont failli. Mais produire français,
ce n’est pas se positionner, à coups de bas salaires
et de dérégulation, sur des marchés éphémères à haut taux de profit et âprement disputés. C’est reconstituer
un véritable appareil productif, un maillage de PME
et de grandes entreprises en coopération, c’est une politique sélective du crédit allant à la création d’emplois, une politique ambitieuse de recherche fondamentale
et appliquée ayant d’autres objectifs que le profit à court terme, c’est une politique de forma¬tion et de qualification et donc de hausse de salaires.
Bref. Le contraire
de la politique d’austérité de Nicolas Sarkozy
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