L’accès à la science pour tous était une conception révolutionnaire,
elle ébranlait les fondements religieux de la cité, elle a valu à
Socrate sa condamnation à mort.

Le thème « science et société » dans les congrès
scientifiques apparaît à ma connaissance au cours des années 1990. À
l’Académie des sciences, le comité « science et société » a été créé en
2000. C’est aujourd’hui, en France et dans tous les pays du monde, un
thème important pour les scientifiques : quelle est la place de la
science dans la société ? Il est grand temps que cela redevienne un
thème important en politique, et en particulier dans la politique
communiste.
Que recouvre-t-il au cours des temps ?
On fait remonter à Socrate la conception de la science comme objet
d’étude pour tous les citoyens. En Mésopotamie et en Egypte, certaines
connaissances avaient été acquises, en particulier en astronomie, mais
elles étaient détenues par des spécialistes, souvent les prêtres, au
même titre que les recettes magiques. L’accès à la science pour tous
était une conception révolutionnaire, elle ébranlait les fondements
religieux de la cité, elle a valu à Socrate sa condamnation à mort.
L’accès de la science à tous a été une idée forte de la Renaissance, et
l’imprimerie y a joué un rôle essentiel. Cependant la pratique des
savants était de conserver pour eux leurs découvertes. Le lien entre
découvertes et communication des découvertes date du XVIIe siècle, avec
la création des académies, et il a été l’un des traits marquants du
progrès des sciences depuis cette époque.Tenue secrète ou largement
diffusée, comment la science interagissait-elle avec la société ? J’y
reviendrai, mais en gros la science était au service des puissants, ou
de ceux qui aspiraient à la puissance. En Europe, le progrès des
sciences a accompagné celui du capitalisme, en Italie au XVIe siècle, en
Angleterre au XVIIe, en France au XVIIIe, en Allemagne au XIXe et aux
États-Unis au XXe.En même temps, la science apparaissait comme liée aux
mouvements d’émancipation des peuples : la Révolution française a
mobilisé les savants, comme la révolution soviétique.