lundi 5 décembre 2011

Avec les communistes, pour relever les défis de la situation.

Ceci est l'introduction d'une réunion des rénovateurs du PCF qui a eu lieu le 24 novembre dernier.


La crise domine et va dominer la situation, tant sur le plan économique que politique.
Le système capitaliste est secoué par la crise la plus grave qu'il ait connu. Une crise qui est le résultat de la domination des marchés financiers qui imposent leurs exigences aux États, jusqu'au choix des gouvernements comme en Grèce et en Italie; mais qui pèse aussi sur les régions et toutes les institutions.
La logique d'austérité drastique imposée au nom de la réduction des déficits, et qui fait l'objet d'un large consensus entre patronat, droite et extrême-droite, et partis socialistes conduit à un freinage de la croissance et un redémarrage du chômage; elle fait monter un risque sérieux de récession dans toute la zone euro, ce qui impliquerait notamment une nouvelle explosion des licenciements et du chômage.
Mais aussi le risque d'une montée d'antagonismes sociaux ou inter régionaux, y compris des dangers pour la paix.
Et celui que la situation soit mise à profit pour imposer une fuite en avant fédéraliste, avec des risques de régression de la démocratie face à la résistance des peuples.
 Cependant la gravité de la situation, qui n'est pas maitrisée, contraint aussi, dans la recherche de solutions, à la remise en cause de dogmes libéraux hier intangibles; on a eu ainsi face à la crise financière, l'intervention financière massive des États au secours des banques; monte maintenant le débat sur le recours au refinancement des États par la BCE.
Ce serait une brèche dans la logique actuelle de l'euro.

Mais l'argent de la BCE pour quoi faire?
 A nouveau pour alimenter les marchés financiers et relancer le même cycle infernal?
Ou, comme le proposent les communistes, l'argent créé et prêté, par la BCE, et à tous les niveaux, avec:
-        des critères précis pour que son utilisation favorise une croissance saine et non la spéculation: le développement humain, la sécurisation de l'emploi et de la formation, le développement des services publics;
-        pas seulement « la main de fer de l'État » comme dit JLMélenchon, mais surtout des pouvoirs décentralisés des citoyens, des salariés, des élus.

Le positionnement du PS, pose un problème sérieux pour une perspective de changement, mais confronte celui-ci à des contradictions et au risque de favoriser Sarkozy.
Il confirme son ancrage à l'euro actuel, et suit l'obsession néo-libérale folle de la réduction de la dette et des déficits.

Mais cela vient en contradiction
-        d'une part avec la situation qui place sous le feu des projecteurs la nécessité de réorienter la BCE et de maitriser les banques
-        d'autre part avec les attentes sociales de l'électorat PS, majoritairement salarié, et auquel Hollande cherche malgré tout à faire écho

C'est le cas avec la proposition de Hollande de réduire le déficit de 50 milliards en 2012-2013 par la réduction des dépenses et l'augmentation des prélèvements; le Front de gauche, et en son sein les communistes avec leurs propositions, ont la responsabilité, plutôt qu'une dénonciation impuissante du PS, de relever le défi du débat sur une alternative crédible et rassembleuse à cette proposition.

 
La situation donne des possibilités de crédibilité très nouvelle à nos idées, avec la montée des idées anti-capitalistes, et aussi parce qu'elle oblige au débat politique sur des sujets jusque là refoulés, dans le parti y compris, au motif qu'ils ne concernaient que les spécialistes (comme les questions de l'euro, de la BCE, du crédit ...).
Et je trouve que ce qui se passe sur l'Europe, la mise en cause obligée des dogmes, peut aussi crédibiliser mieux l'idée que le choix n'est pas entre se soumettre à l'Europe libérale ou sortir de l'euro, et que lutter pour des transformations radicales de l'Union européenne, et de l'euro, c'est possible et bien plus conforme aux intérêts des peuples.

Contradictoirement, cette fenêtre pour nos idées s'ouvre à un moment où le rôle de porte parole principal en notre nom a été délégué à Jean-Luc Mélenchon.
Nous avons, avec l'appel en faveur d'André Chassaigne, été à l'initiative de la bataille pour faire prévaloir un meilleur choix et soutenir une candidature mieux à même de porter des propositions qui fassent le poids face à la crise (sur l'aggravation de laquelle nous avions alerté) dans la campagne présidentielle.
Nous avons contribué à imposer à la direction un vote dont elle ne voulait pas.
La candidature Mélenchon a été choisie sans enthousiasme, plutôt sous la contrainte du fait accompli, et la peur agitée d'un 3eme échec. Et le fort soutien que les communistes ont apporté, malgré les pressions de la direction, à André Chassaigne est une donnée politique qui continue de compter.

Le début de campagne, et les enjeux qui montent dans la situation, avec la crise, nous confirment dans l'idée que le choix qui a été fait n'est pas le meilleur.
Mélenchon sait bien parler, et peut séduire; mais il développe surtout ses propres idées, dominées par le projet très insuffisant d'un autre partage des richesses et des conceptions étatistes. Il manque de crédibilité sur les moyens et les pouvoirs. Sa démarche d'affrontement sommaire avec le PS  ne favorise pas l'établissement du débat de fond avec l'ensemble de l'électorat de gauche et n'ouvre aucune perspective de voir bouger les choses.
Ceci dit le choix est fait. ce qui pose la question du comment faire dans ce cadre qui n'est pas celui que nous avons choisi.

 
Je vous soumets une opinion: le Parti étant engagé dans ce choix, ne sommes nous pas placés au défi d'agir, de la façon la plus efficace possible pour l'immédiat et l'avenir, dans le cadre de ce choix? En ne perdant pas de vue qu'il est aussi lié aux législatives.
Chercher à faire autrement serait se priver de possibilités d'être écoutés et de peser sur la campagne, sur le contenu, sur la nécessaire affirmation du PCF dans le Front de gauche, alors qu'on est, avec la crise, devant une bataille qu'il faut absolument mener et dans laquelle nos idées peuvent marquer des points. Ce serait se couper de la masse des communistes qui vont s'impliquer dans la campagne, tout en étant fermement opposés à l'effacement du PCF, alors que leur rassemblement sera décisif au prochain Congrès, face à toute relance d'un processus liquidateur, et pour les transformations et la démocratisation dont le parti a besoin.

D'autant que des contradictions apparaissent, sur le terrain et au sommet, dans nos rangs (notamment entre ceux qui continuent à préparer la «métamorphose » et ceux qui sont plutôt dans une logique d'autonomie/transformation du PCF). Contradictions aussi entre PCF et PG.
Cela s'est vu publiquement à propos de la petite phrase de Mélenchon sur Hollande: on a d'abord eu un article d'appui à Melenchon dans l'Huma, puis une tribune de Dartigolles dans le même sens; mais ensuite une mise au point positive de Pierre Laurent dans l'Huma sur la conception du rassemblement et du débat à gauche.

 
Des contradictions il y en a aussi sur la pratique et la conception du Front de gauche, et de la place du PCF.
On sait bien qu'il y en a, du coté du PG et dans nos rangs, pour qui la candidature Mélenchon est la rampe de lancement vers une fusion-absorption, supprimant un PCF autonome.
Mais la majorité des communistes a refusé ça, et le choix de la candidature n'a pas été fait sur cette base.
La conception officielle et dominante du Front de gauche, c'est celle d'un rassemblement de forces politiques,  cherchant à devenir un rassemblement populaire, notamment maintenant avec le développement d'assemblées citoyennes.
Mais il y a aussi le problème d'une conception très électoraliste du Front de gauche et des assemblées citoyennes, plutôt qu'une conception d'action.
Et aussi des dérives, voulues ou non, vers un effacement du PCF, ainsi que vers la perception du Front de gauche comme un nouveau parti (ce qui peut être encouragé aussi de l'extérieur, à l'exemple du supplément gratuit du Monde, présentant Mélenchon comme le président du Front de gauche, puis comme son secrétaire général).
La communication est un secteur sensible sur ce sujet. D'une part son autonomie rédactionnelle par rapport aux secteurs de travail fait que le contenu est souvent insuffisant, peut même être influencé par le discours du PG et de Mélenchon. D'autre part les tracts signés du parti se concluent maintenant par « les propositions du Front de gauche et de son candidat Jean-Luc Mélenchon » !!!.
On signe et on s'efface en même temps ! Sans oublier le matériel Front de gauche, dont la rédaction est souvent dominée par le PG, et où disparaitrait la mention des composantes.

Que faire la dessus?
Se limiter à une position critique des risques fusionnels avec le Front de gauche? Refuser de participer?
Refuser les assemblées citoyennes au motif que certains veulent faire de ces assemblées des « structures de bases du Front de gauche »?
Ou être acteurs de cette bataille, force de proposition, pour faire prédominer une meilleure conception du front de gauche, et l'exigence d'expression et d'initiative autonome du parti. Pour expérimenter et être actifs dans les assemblées citoyennes.
Je pense que c'est ce second choix qui est le meilleur. Il n'exclut pas du tout d'être exigeants et critiques sur ce qui doit l'être. Et attentifs à ce que ça ne s'oppose pas à des initiatives autonomes nécessaires. Cela rapprocherait de celles et ceux, notamment dans le mouvement syndical, que la démarche intéresse et aide à se ré-impliquer, sans arrière-pensées concernant le parti.

Je conclus sur trois idées:

1] être dans la campagne, aux différents niveaux, avec des exigences  et des propositions, concernant son contenu, ses modalités, la conception du Front de gauche et l'apport nécessaire de notre parti

2] chercher à impulser une démarche d'action, pas seulement de soutien aux luttes; par exemple, comme cela a émergé de la dernière réunion de la commission entreprises, pour que soit décidée une véritable campagne nationale sur l'emploi et l'industrie; ou aussi impulsé un mouvement d'exigences des luttes en direction des institutions financières et de la BCE, mais pas seulement des coups de clairon à visée médiatique, des actions utiles et durables. Des initiatives de fédérations pourraient être motrices.

3] continuer d'être en pointe dans la bataille sur les propositions.
La situation a aidé à faire enfin percer et prendre en compte des idées novatrices longtemps refoulées (voir la phrase autocritique de Pierre Laurent dans son livre). Paul, Yves et les autres camarades de la commission eco sont demandés dans toute la France pour des débats et des
formations. Mais ça ne va pas jusqu'à les mettre en avant dans les médias comme le fait le PG avec Généreux, comme le font tous les autres partis; ni auditionner Paul au Conseil National; ni confier un rapport au responsable de la commission économique !!! (pas une seule fois !); des signes qu'il y a toujours une bataille; c'est le cas aussi, je l'ai signalé, concernant ce qui s'écrit dans le matériel de com.

Il y a donc à faire notamment pour:

-        la prise en compte et la promotion des propositions par le parti, leur appropriation par les communistes
-        leur prise en compte effective dans le Front de gauche et la campagne des candidats; les débats pour enrichir le programme
-        l'instauration du débat à gauche

En terme d'initiatives, avait été envisagée, il y a quelques semaines, l'idée d'un appel face à la crise; l'idée reste sur la table; on pourrait aussi penser à l'initiative d'un débat avec des interlocuteurs socialistes, si c'est réalisable à un niveau significatif. D'autres idées sont bien sur permises.

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