mercredi 13 février 2013

Tiaret (Algérie) : La lutte contre un patron voyou des moulins de Madhia dure depuis 17 mois.

Cette lutte sociale est ouverte suite à la privatisation des Moulins de Mahdia (Wilaya de Tiaret).
Article paru dans Alger Républicain(1) et du blog Serssou info (datant 2011 pour ce qui est des revendications) (2).
Voir aussi une brève de juin 2012.






(1) Cela fait dix-sept mois, que les moulins de Mahdia (Tiaret) sont fermés à cause du refus du patron M. Ridha Metidji de répondre favorablement aux revendications des travailleurs.

Rappelons que les travailleurs ne demandent au nouveau propriétaire de l’usine bradée à vil prix par le pouvoir que la satisfaction de revendications très élémentaires :
- La reconnaissance par le patron de la section syndicale ;
- L’actualisation de la convention collective ;
- La revalorisation des salaires ;
- Le versement des primes de rendement collectif et individuel avec effet rétroactif depuis 2007 ;
- La légalisation et la régularisation par des décisions écrites de la situation des travailleurs affectés à d’autres postes ;
- L’arrêt des pressions exercées par le patron pour forcer les travailleurs qui veulent partir à la retraite à présenter une lettre de démission.
Depuis dix-sept mois, aucun des responsables qui ont été sollicités par les travailleur en grève, des députés, le Wali, l’inspecteur du Travail, les représentants syndicaux et même l’ancien Premier Ministre Ouyahia, pour ramener leur patron à respecter les lois de la République, n’ont répondu positivement à leur demande.

Beaucoup de promesses, certains responsables leur avaient même fait croire que la décision de reprise du complexe meunier par l’Etat était déjà prise et que son application n’allait pas tarder. Finalement, l’impression s’est imposée à tous qu’il s’agissait bien d’une attitude concertée pour conduire le mouvement au pourrissement.

Le trois décembre dernier, M. Metidji, accompagné de quelques travailleurs qui lui sont acquis et des membres de sa famille, vient ouvrir les portes du complexe. Il se heurte au refus des travailleurs soutenus par une bonne partie de la population de la ville de Mahdia venue en renfort. L’état de pourrissement auquel a été conduit le mouvement par ceux qui sont sensés lui trouver une issue et l’attitude incompréhensible des pouvoirs publics ont joué sur les nerfs. Cette situation provoque un accrochage entre le patron et la population. Metidji en profite pour accuser quatre travailleurs de tentative d’assassinat. L’un d’entre eux, qui n’était pas sur les lieux au moment de l’accrochage, a été arrêté est placé sous mandat de dépôt. Les trois autres sont recherchés pour le même motif.
- Le huit janvier, les forces de police interviennent pour procéder à l’ouverture de l’usine. Elles exécutent une demande de réquisition de la force publique introduite par le patron. Elles trouvent devant elles des travailleurs déterminés à mettre en échec les plans du patron : "Vous devrez d’abord nous tuer pour rentrer dans l’usine ! ».

A la suite de l’intervention des forces de police, les responsables syndicaux ainsi que le patron sont entendus par le vice-procureur et le procureur-général du tribunal prés le tribunal de Tissemsilt. Metidji et les travailleurs sont sommés de trouver une issue dans les prochains jours. Un processus de négociation est engagé.
Mais les représentants des travailleurs sont sceptiques en raison de la position du patron qui rejette leurs revendications et s’acharne contre 27 travailleurs désignés par lui, comme meneurs du mouvement de contestation. En raison aussi des appuis et encouragements que lui apportent de nombreux responsables totalement acquis à la défense des intérêts de la bourgeoisie.
C.P.

(2) 
Lettre ouverte à la tripartite
Sur la situation de la privatisation des entreprises publiques
Messieurs les représentants de la Tripartite,
 
Avant même d’exposer nos préoccupations, permettez-nous de nous présenter pour permettre aux autres travailleurs concernés par les problèmes sociaux issues de la privatisation de leur entreprise pour répondre au Conseil des Participations de l’Etat sur la politique de la privatisation qui n’a pas réussie ni du côté social ni celui du développement et la survie de nos entreprises.
Nous sommes des Salariés des Moulins de Mahdia, dont une SARL privé à Tiaret, les a acquis dans le cadre d’une opération de privatisation.
 
Notre entreprise appartenait auparavant au Groupe ERIAD-Tiaret qui a été chargé par le Conseil des Participations de l’Etat de la signature de la transaction et du suivi des engagements du repreneur.
Outre d’autres conditions, le contrat de cession a prévu dans son ses articles, le maintien de l’ensemble des emplois tel qu’existant à la date de la signature du contrat de cession soit 287 travailleurs et la création de 175 nouveaux postes de travail.
Nous nous sommes permis aujourd’hui de vous saisir à travers la presse pour la simple raison que nos tentatives, depuis le 28/01/2006, auprès de toutes les institutions concernées de l’état par les privatisations sont restées sans suite.
 
Nos problèmes ont surgi avec ce repreneur depuis déjà six années, soit le jour où nous avons soumis à ce dernier une plate-forme de revendications parmi lesquelles le cas de la grille salariale (ci-joint lettre de l’inspection du Travail de Tiaret).
A la suite de ce différend, la section syndicale de l’époque, a déposé un préavis de grève qui s’est soldé par a un consensus avec le repreneur sous l’arbitrage de l’inspection du Travail à un licenciement de 20 salariés. Le repreneur ne se contentant pas de cet arbitrage a voulu encore de revoir le contrat de travail par l’établissement de nouvelles décisions mettant en cause les avantages des travailleurs faisant fi ainsi de l’article 74 de la loi 90-11 du 21 Avril 1990 portant sur les relations de travail individuelles de travail.
 
Parmi les vingt travailleurs licenciés tous les membres de la section syndicale s’y trouve, ainsi donc le collectif est resté depuis sans représentation syndicale jusqu’au Mai 2011.
Le Repreneur a fait fi de l’application des dispositions de la convention collective transférée par le Groupe ERIAD Tiaret et n’a pas honoré à ce jour les engagements en matière de recrutement conformément à la résolution du CPE portant privatisation des Moulins de Mahdia.
En matière des décisions prises par les différentes Tripartites depuis 2006 et ayant octroyé certains avantages pour les travailleurs du secteur économique (public et privé ) , le Repreneur les a accueilli en contrario en procédant à une diminution de quelques primes .
Ce Repreneur n’a répondu à aucune de nos revendications en matière de respect des dispositions des décisions des tripartites (l’inspection du travail de Tiaret peut témoigner sur la non application de la convention de branche ni celle de 2006, ni celle de 2011).
 
Une grande tension qui est perceptible au niveau de toute la ville de Mahdia ( ci-joint lettre de soutien des associations ) a permis aux autorités locales : union locale « UGTA » , le Wali et l’ensemble des institutions d’ intervenir auprès de ce Repreneur en vue qu’il respecte les directives tripartites (2006,2011) et honore les engagements contenues dans la résolution du CPE portant privatisation des Moulins de Mahdia .
 
A la suite d’une visite d’inspection du Wali de Tiaret à la ville de Mahdia durant le mois d’octobre 2011 , qui été l’occasion pour les travailleurs de lui soumettre les difficultés auxquelles ils sont confrontées, une séance de travail a été organisée sous sa Présidence au niveau du siège de la Wilaya , en présence du représentant du Repreneur et durant laquelle les parties se sont engagés à commencer les négociations avec suspension de l’arrêt de travail entamé par le collectif depuis le 19 09 2011
Après avoir évacuer les stocks de produits finis, le repreneur n’a pas à ce jour donné signe de vie , un compte rendu sur cet agissement a été adressé à Mr le Wali de Tiaret l’informant du non respect des engagements pris par le Repreneur lors de la réunion précitée ( document ci-joint ).
Nous avons aussi appris, que le Repreneur fait l’objet de poursuites judiciaires par le Groupe ERIAD-Tiaret pour non respect des engagements ayant conditionné la cession des Moulins de Mahdia .
Contacté par nos soins pour obtenir plus d’informations à ce sujet, Groupe ERIAD Tiaret , a décliné notre demande et s’est contenté de nous dire que le dossier est entre les mains de la justice .
Ce conflit dure depuis six années et risque de dégénérer et même de porter atteinte à l’ordre public vu la persistance de ce repreneur de ne pas respecter ses engagements. Par crainte de laisser nos travailleurs investir la rue, nous avons choisi la démarche du dialogue et de la concertation et nous voudrions par l’occasion que les lecteurs de votre journal puissent juger de notre situation avec ce repreneur.
 
Le Conseil des Participations à travers ses résolutions a exigé le maintien des travailleurs , le recrutement et le développement de l’entreprise par des nouveaux investissements d’ou la loi des finances complémentaire de 2009 est venue conforter les résolutions du CPE par un droit de récupération de l’entreprise en cas de non respect des engagements.
Deux questions se posent, Messieurs les lecteurs, la première qui est concerné par le suivi des directives des résolutions du CPE ?, dont le Groupe nous répond qu’il est en justice, les autorités n’ont pu trouver de solution, la tutelle et le secrétariat du CPE ne répondent plus et par-dessus de tout cela nos salariés restent sans ressources depuis. La deuxième concerne le suivi de l’application des conclusions des tripartites au niveau des sociétés privés? Là nous doutons, fort qu’il y’a une institution digne de ce nom qui peut le faire avec toute la partialité requise.
L’entreprise est toujours à l’arrêt, le repreneur est absent, les responsables concernés par cette transaction ont déposé le dossier au niveau de la justice, le reste des responsables sont préoccupés par les préparatifs de l’Aid El Kebir et nos travailleurs sont dans l’attente de s’embarquer sur le navire du Prophète Noé.
 
Dans l’espoir de trouver quelqu’un nous répondre, pour du moins nous laisser encore rêver que dans notre pays existe toujours des personnes jaloux des droits des travailleurs parce que l’état et l’UGTA sont préoccupés hélas, dans d’autres problèmes sauf celui qui touche les salariés du secteur privé.
Nous invitons également d’autres syndicats du secteur privé de faire autant pour au moins laisser l’opinion publique prendre conscience de la gravité de vos préoccupations et de dévoiler l’impact négatif de la politique de privatisation que nous subissons. D’ailleurs nous pensons franchement que les lois de la république ne sont guère appliquées dans la plupart des entreprises privées et les structures de l’état ne fréquentent que rarement ses entreprises ce n’est pas pour les contrôler mais pour des visites de courtoisie.
 
Pour revenir à vos lecteurs nous vous prions de nous aider auprès de qui de droit afin que les nouveaux patrons ,qui se sont accaparer d’un nombre importants d’entreprises, soient soumis au même titre que les responsables des entreprise publiques aux différents opérations de contrôle par les pouvoirs publics et aux respects des lois de la République.
Nous demandons aux institutions de l’Etat d’investir les lieux pour vérifier le bien fondé de ce que nous avançons à l’encontre de ce repreneur.

Le Collectif des travailleurs . ..

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