vendredi 9 septembre 2011

Dette publique et crise financière : D'où vient la dette publique ?

Le constat :

En France, la dette augmente depuis plus de trente ans. C'est à partir de la fin des années 1970 et du début des années 1980, avec le recours de plus en plus systématique aux marchés financiers que le dette publique française1 s'envole.

De 14% du PIB en 1974, elle passe à 21,2% en 1978, 36% en 1983, pour bondir à 60% en 1998. Les années 2000, après une courte période de latence due à une nette reprise de la croissance dans les pays développés, donnent lieu à un véritable emballement: 63,3% du PIB en 2003, 79% en 2009, puis 82,3% en 2010, soit 1591,2 milliards d'euros.

La seule dette de l'État, qui était de 44 milliards d'euros en 1978, a été multipliée par 25 depuis, pour atteindre 1101 milliards d'euros fin 2009. Avec 50 milliards d'euro, la charge d'intérêts de la dette est devenue le troisième poste de dépense du budget.


Tous les pays avancés ont connu un tel phénomène.
Depuis 1981, date d'envolée du dollar et des marchés financiers aux États-Unis, la limite d'endettement public décidée par le Congrès y a été relevée cinq fois: de 8 000 milliards sous Reagan, portée à plus de 10 000 milliards avec Bush père, puis prés de 13 000 milliards sous Clinton , pour atteindre 14 294 milliards de dollars avec Bush junior... Obama vient, avec difficultés, d'obtenir son relèvement de 2100 milliards de dollars. En 2011 pour la première fois, la dette publique des États-Unis a dépassé le seuil de 100% du PIB. Au Japon, depuis un point bas de 63,2% en 1992, la dette publique a progressé jusqu'à 197,2% du PIB en 2010. 
Les pays de la zone euro n'ont pas échappé à cette tendance: Alors que, rapportée au PIB, la dette publique agrégée de la zone enregistrait une moyenne de 67% du PIB de 2000 à 2008, elle passe brusquement à 78,8% en 2009.

Pourquoi cette explosion de la dette publique ?

1) Le choix de recourir aux marchés financier : L'origine de cette explosion de la dette publique est liée à l'obligation faite à l'État de se tourner vers le privé pour ses besoins de
financement.

Auparavant l'État pouvait emprunter directement et sans intérêts auprès de la Banque Centrale. Cette possibilité, perçue comme un manque à gagner par les banques, a été interdite au profit de l’endettement sur les seuls marchés financiers. Conséquence, les marchés financiers où les prêteurs sont les grandes banques privées, les sociétés d’assurance et fonds divers, se sont « gavés » grâce à la dette publique. Pour Michaël Chetrit, économiste, « la somme actualisée des intérêts de dettes payées aux marchés depuis 1974 représentent pour la France près de 1200 milliards d’euros »2, à comparer avec les 1591,2 milliards d'euros de la dette publique fin 2010 !

2) La réduction des prélèvements obligatoires.

Au coeur des facteurs qui participent à  l'augmentation de la dette publique, il y a d'une part la progression régulière et importante de la part des richesses produites dans les entreprises captée par les prélèvements financiers (intérêts et dividendes..). D'autre part les efforts répétitifs des gouvernements pour faire reculer la part des richesses allant aux prélèvements obligatoires: impôts, cotisations, et ce, au nom de la compétitivité.
Ainsi, pour laisser le capital financier prélever une part de plus en plus importante sur la richesse nationale, les politiques gouvernementales ont systématiquement cherché à faire reculer la part des richesses produites qui sert au financement des services publics et de la protection sociale.

 3) Le coût de la crise : Les dettes publiques augmentent brutalement en 2008-2009.

L’endettement privé (banques, ménages, entreprises) accumulé depuis des années, en contrepartie d'opérations de spéculations boursières et immobilières, est devenu gigantesque. Les crises américaines, irlandaises, espagnoles, sont d’abord des crises de dettes privées. Le sauvetage des banques, les auront transformées en dettes publiques. « Privatiser les profits et socialiser les dettes » telle est la politique mise en œuvre par les politiques libérales.

Aux États-Unis, prés de 800 milliards d'euros sur deux ans ont été injectés, dont 40% en réductions d'impôts. Dans la zone euro, l'ensemble des plans adoptés ont injectés 200
milliards d'euros.

L'impasse

Après l’injection de ces centaines de milliards d’euros sans le moindre engagement sur leur utilisation, la Banque Centrale Européenne (BCE) crée des centaines de milliards de liquidités pour refinancer les marchés financiers sans contreparties utiles au développement social, là non plus sur l’utilisation de ces fonds (3).

Cela a permis de sortir de la récession, mais avec une croissance très insuffisante, très peu d'emplois et le maintien, par le chômage, d'une lourde pression sur les salaires. Par contre, les profits financiers et la spéculation sont repartis à la hausse.

En France, après une récession au cours de la quelle le PIB recula de 2,2% en 2009, (année où la bourse de Paris enregistra, elle, une augmentation de 22,32%!) la croissance réelle a atteint péniblement 1,2% en 2010 (Fiche argumentaire7). Après une croissance nulle au deuxième trimestre, l'année 2011 s'annonce fort médiocre.

Cette insuffisance de la croissance réelle accentue l'insuffisance des recettes publiques, et pour "remédier" à l'accroissement du déficit public, le gouvernement engage une politique d'austérité. Nous entrons alors dans le cycle vicieux austérité-récession.

1: La dette publique c'est: la dette de l’État + celles des collectivités locales+ la sécurité sociale.
2:Libération du 22 juillet.
3: Dernier exemple en date le rachat par la BCE pour 22 milliards d'euros d'obligations publiques auprès des ….marchés financiers!

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