lundi 5 septembre 2011

L’Union européenne à la croisée des chemins.

Article publié dans la Lettre des Relations Internationales du PCF de juillet 2011.


L’iniquité des plans d’austérité et de régression sociale en Europe appelle la construction d’alternatives progressistes, de convergences démocratiques entre les deux rives de la Méditerranée.

Ultimatums, chantage, passage en force, répression, rien n’aura été épargné au peuple grec massivement mobilisé contre le plan de désendettement et la nouvelle cure d’austérité que lui impose l’UE et le FMI ; ceux-ci vont se traduire par un racket sans précédent sur les biens publics de ce pays et de nouveaux sacrifices intolérables infligés à un peuple déjà durement frappé par la crise.

Le hold–up contre la démocratie, avalisé par le gouvernement de Papandreou, ne serait pourtant qu’une première étape (1). Ainsi, au nom de la réduction des déficits publics et de l’explosion de la dette souveraine des états, dont le capital est largement responsable, les gouvernements de l’UE, sous la houlette franco-allemande, tentent d’instaurer, avec le « Pacte pour l’euro plus », une « gouvernance économique », qui se traduit par une perte de souveraineté considérable des états membres sur leur politique économique, notamment
budgétaire ; par un renforcement drastique du pacte de stabilité avec des sanctions y compris préventives pour les pays qui n’en respecteraient pas les critères et un nouveau transfert massif de la richesse produite du travail vers le capital.

« La crise grecque a eu du bon ». Il n’y aurait d’autre alternative, pour les pays de l’euro dont la France, que celle « du sang et des larmes » (2).


Construire l’alternative progressiste

Le semestre de l’UE présidé par la Pologne sera marqué par cet agenda de crise. La mise sous tutelle des budgets nationaux par les instances européennes provoque une surenchère de mesures régressives (mise en cause des retraites, du travail avec le chômage massif, la précarisation passant par la baisse des salaires; des biens publics avec les privatisations). Ce nouvel ajustement ultralibéral au sein de l’UE, suscite aussi la persistance, voire le renforcement de mouvements sociaux diversifiés pour le mettre en échec. Du Royaume-Uni, où une importante grève nationale est prévue à l’automne, à la Pologne, où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre la politique sociale du gouvernement libéral, l’heure est à la riposte ; la CES appelle à «rejeter cette gouvernance de l’austérité » en « articulant les réponses entre les niveaux européen et national » (euro-manifestation le 17 septembre à Wroclaw) ; l’important mouvement d’indignation qui a déferlé sur les places européennes en écho aux mouvements émancipateurs nord-africains se nourrit également de convergences nécessaires et urgentes avec des exigences fortes et concrètes ; d’un côté de la Méditerranée, les défis sociaux et démocratiques portés par les assemblées constituantes et leur
traduction dans les urnes peuvent dynamiser le mouvement progressiste nord-africain ; de l’autre, l’exigence d’une régénérescence démocratique jetant les bases d’une nouvelle société et d’un monde plus juste (un appel à une mobilisation européenne le 15 octobre à été lancé par Démocratie réelle maintenant ! en Espagne) ; peut se prolonger également, dans l’exigence d’une profonde refondation démocratique et sociale de l’Europe, de ses politiques comme de ses institutions et pouvoirs largement délégitimés.

Avec la mise en avant de contenus transformateurs (quelle Union monétaire, quel rôle pour la BCE, pour s’émanciper des marchés financiers ?); avec l’exigence de coopérations solidaires (moratoires, annulation ou renégociation des dettes) ; d’une nouvelle conception de l’élargissement de l’UE, des accords d’association, des politiques de voisinage avec le Sud et l’Est de l’Europe ; non soumise à la mise en concurrence des peuples sous le joug du capital, à la restriction des droits (Europe forteresse contre les migrants) et à un militarisme croissant, sous l’égide de l’OTAN, bafouant les droits des peuples comme en Palestine (3).

Partout s’impose la nécessité pour la gauche de transformation sociale, pour les communistes, d’être à la hauteur des exigences populaires, en contribuant à la mise en débat des enjeux (consultations sociales, citoyennes,référendaires), dans des processus de convergences, des fronts unitaires, progressistes suffisammentlarges pour permettre d’engager des ruptures profondes avec les politiques néolibérales.

Les mobilisations dans la construction d’une alternative au pacte pour l’euro plus et le renforcement concomitant de coopérations solidaires avec le Sud dans un nouveau pacte de progrès et de développement social seront un moment fort de cette contre offensive des peuples.

José Cordon
responsable Europe des Relations internationales

1. « La souveraineté de la Grèce sera énormément restreinte » déclare le président de l’eurogoupe JC Junker (in La croix 05-07-2011): surveillance accrue du plan de privatisations et de l’austérité programmée par une agence « indépendante »; alors que les agences de notation continuent à spéculer sur les dettes des états (déclassification du Portugal après la Grèce), sans que ce pouvoir illégitime ne soit contesté par les gouvernements.

2. In Les échos, Eric Le Boucher, « Du sang et des larmes », 01.07.2011.


3. Avec cette destruction systématique de ce qui restait du « modèle social européen » de la période précédente, ce nouvel ajustement néolibéral européen est en train d’aggraver la pauvreté, les tensions sociales, les replis identitaires, la recrudescence du racisme et de la xénophobie; la montée de la droite la plus extrême.

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