mardi 19 juin 2012

A l'instar du printemps d'érables au Quebec, cela sent le printemps des jujubiers à Tiaret (et ailleurs)...

Certains pensent que l'Algérie, c'est un pays bloqué. Que le fameux Printemps arabe ne l'a pas touché.
Je suis de ceux qui pensent le contraire : que cela soit le mouvement berbère, la grande crise sociale de la fin des années 80, ce que visait la terreur islamiste des années 90, etc... Tous ces exemples montrent bien que les revendications, les tensions et les aspiration qui ont triomphé à Tunis ou au Caire n'ont pas fleuri en un printemps. Qu'on a oublié de regarder l'histoire longue de cette région.
Ce que l'on voit ailleurs : un mouvement social qui existe bel et bien, assis tant sur des revendications des travailleurs que sur des revendications sociales liés au logement, etc. C'est un pays qui évolue, où des choses se font mais où les besoins sont tellement importants que cela ne se fait pas assez vite. Je ne nie pas la corruption, le rôle de l'armée, etc... Mais si on s'arrête qu'à ça, je crains fort que l'on passe à côté d'un évènement historique majeur en ce début de siècle. S'arrêter à la question des visas, des haraga et autres est totalement con.
Bref, un pays dont la vie politique est plus riche que ce que l'on veut retenir en France car c'est un pays où la répartition des richesses est très mal faite (en cela, je pense que l'Algérie ressemble beaucoup au Brésil d'il y a quelque années par exemple).

Pour illustrer tout cela, direction la plus belle ville du pays, j'ai nommé Tiaret !

La ville a connu, comme d'autres communes de l'oranie, des mouvements de révoltes en 2008 (voir l'article du matindz ).
En ce début d'année, la ville a connu plusieurs drames : des personnes venant de la ville qui avaient embraqués sur des bateaux se sont noyées, un jeune s'est immolé en public, un autre s'est immolé en classe. Il y a bien un appel, une volonté de crier une revendication dans ce geste désespéré.
De mémoire, l'haraga qui s'est noyé était diplômé de l'enseignement supérieur ; partir de chez soi n'est pas forcément un acte de renoncement. C'est aussi un acte qui créer des perspectives pour aider sa famille. Ce geste demande quand même un courage qui devrait être souligné. Et c'est une perte pour la société : L'Algérie forme sa jeunesse et qui en profite ? ben, les pays riches ... (et ce qui est vraie pour l''Algérie devient de plus en plus vrai pour la France).
Un des jeunes qui s'est immolé était de ces commerçants illégaux qui usent de cette pratique pour pouvoir vivre et ramener de l'argent à sa famille. Et le pouvoir sait quoi faire avec pour maitriser la cocotte minute...
Actes politiques individuel et très individualisés, mais il y a bien un sens à cela.

La vie politique de la ville participe aussi de ce changement qui se fait. Tiaret a connu récemment une sorte de rassemblement de ce qui peut être assimiler aux indignés d'Europe (Juin 2011). Il y a bien sur plusieurs actions dans le cadre syndical : les retraités pour leur pouvoir d'achat, les salariés pour leurs conditions de travail, leurs salaires, leurs conditions de vie (notamment le logement).

Ces exemples à Tiaret montrent, à mon sens, que la dynamique démocratique existe bel et bien en Algérie depuis bien longtemps.

D'une part, et en prenant des exemples très français je le conçois, ces luttes montrent bien que les objectifs posées par la DDHC de 1789, le programme du CNR et la DUDH de 1948 restent d'une pertinence et d'actualité.
Ces différentes revendications illustrent que le combat pour les droits de l'Homme ne se limitent pas , comme veulent le faire croire certains philosophe en carton, à le seule liberté de pensée ou d'expression. Des droits les plus anciens (séparation des pouvoirs, libertés politiques) jusqu'aux différents droits dits de deuxième générations : Droit au logement, au secours contre la pauvreté, droit à la santé, droit à l'éducation, droit au travail, etc( à titre d'exemple, voir le site SYNDICAT NATIONAL AUTONOME DES PROFESSEURS DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ET TECHNIQUE) ..on voit bien bien que cela forme un tout, un bloc parce qu'ils sont tous interdépendants et de même importance.
Il n'y pas de liberté de pensée sans éducation, si nourrir sa famille devient périlleux, etc... C'est par cela que la lutte contre le fascisme des islamistes pourra être combattu.

D'autre part, reste la question du débouché politique de toutes aspirations.
Aux dernières élections le FLN fait sur la ville de Tiaret le grand schelem (11 sièges sur 11 pour la wilaya).
Sans juger la stratégie du boycott (je connais pas l'étendu des pouvors aussi bien légaus que réel de l'Assemblée nationale), je me pose la question de savoir s'il n'y pas eu le même résultat qu'en France après 1968 : face à l'inconnu, une chambre réactionnaire qui marque l'aspiration à garder le peu que l'on a...
Il faut sans doute que l'ensemble des composantes de la mouvance progressiste à s'entendre  sur ce qui pourrait être un "programme commun" d'unité et d'action du type de celui que fit le CNR français. Un pays riche comme l'Algérie, avec ses différentes formes de revendication sociales, à de quoi vraiment faire vivre sa longue Histoire politique.
Et je suis pas le seul à le penser...







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