UKRAINE - appel du Parti communiste d’Ukraine,
Comité Central - 9 décembre 2013
Chers camarades,
Tous les pays civilisés du monde ont été submergés par une vague
d’informations sur la situation complexe qui prévaut en Ukraine. Lundi 2
décembre 2013, les titres des premières pages des plus grands journaux
et les éditions en ligne du monde entier traitaient de la révolution en
Ukraine, d’émeutes, d’opposition publique et de crise politique.
L’attention de la communauté internationale était braquée sur l’Ukraine.
Dans le but d’ éviter tout malentendu concernant cette
situation, de permettre une compréhension correcte de la réalité et de
donner des renseignements excluant toute spéculation ou provocation, le
Parti Communiste d’Ukraine tient à fournir des explications aux membres
du mouvement communiste international et du groupe des partis du
travail, et à leur communiquer des informations exactes sur la situation
réelle en Ukraine et sur les raisons qui ont entraîné le peuple
ukrainien à monter sur les barricades.
La raison essentielle de
la crise politique en Ukraine est la grande erreur que le Président
Viktor YANUKOVYCH a faite en matière de politique étrangère. Depuis
presque trois ans le Président et le Gouvernement d’Ukraine n’ont cessé
d’abreuver la société ukrainienne de promesses sur l’Union Européenne.
Or, ils ont passé toutes ces années sans entreprendre des démarches
effectives en faveur d’une intégration européenne de l’Ukraine, alors
que parallèlement grandissaient les tensions avec la Russie et que l’on
s’approchait d’une fracture au sein de la société ukrainienne. Dans le
même temps ; l’opinion publique en Ukraine était divisée entre les
partisans et les opposants de l’intégration européenne.
C’est
pour cette raison que le Parti Communiste d’Ukraine a voulu entreprendre
tout ce qui était possible pour organiser la tenue d’un Référendum sur
les priorités de la politique étrangère future de l’Ukraine. Nous étions
convaincus que pour éviter une fracture au sein de la société, c’est
au peuple d’Ukraine, et à lui seul, que revient le droit de choisir
les priorités de la future politique étrangère.
Mais, le
Gouvernement en place, dirigé par le Président de l’Ukraine, s’est
opposé avec force à toutes les actions du Parti Communiste d’Ukraine :
blocage de décisions prises par la Commission Électorale Centrale
d’Ukraine, décisions de justice interdisant la tenue de réunions
destinées à organiser des groupes d’action en faveur d’un Référendum,
interdiction de la collecte de signatures pour un référendum etc….Donc,
abandonnant le projet de référendum et la politique de rapprochement
avec l’Union Européenne et élargissant ses visées en direction de la
Russie, le Président et le Gouvernement d’Ukraine ont montré qu’ils
n’étaient pas intéressés de connaître l’opinion du peuple ukrainien.
jeudi 12 décembre 2013
mardi 10 décembre 2013
Brève Histoire du lien entre les Révolutionnaires et la République par Michel Vovelle.
Les révolutionnaires et la République de 1789 à nos jours, Michel Vovelle*
Révolution et République semblent former l'un de ces vieux
couples que l'on aime à classer parmi les fameuses exceptions
françaises. Faut-il considérer à présent que cet itinéraire commun est
entré, au gré d'un bicentenaire éludé et des bouleversements de l'ordre
du monde, dans les limbes d'un passé révolu ?
Révolutionnaires et République, depuis 1789 jusqu’à nos jours : voilà
un thème qui pourrait paraître rebattu, et en tout cas qui ne m’est pas
indifférent, tel que je l’ai abordé dans La passion de la République
(1992) puis dans 1789, l’héritage et la mémoire (2007). Qu’est-ce qui
est passé de mode, la République ou les Révolutions, jusqu’à leur
nouvelle explosion controversée depuis 2011 ? Les deux dira-t-on. La
Révolution est (ou était) terminée et François Furet avait gagné, les
républiques faisaient piètre figure.
En France, c’était comme la fin d’un vieux couple, d’un de ces
mariages mal assortis quoiqu’assez durables bien que fondés sur un
malentendu. Maurice Agulhon, sans méchanceté mais avec l’humour discret
qui le caractérise, l’avait illustré par la citation d’une « bavure »
municipale à Andernos en Gironde célébrant sur son monument la
République née le « 21 septembre 1789 » [au lieu du 21 septembre 1792,
ndlr.] ! Quelle erreur inexcusable pour des contemporains de Jules Ferry
que ce court-circuit chronologique… mais combien révélatrice d’une
culture politique de la Troisième République, qui associait jusqu’à les
confondre les deux notions Révolution et République.
Ciblant d’abord le temps de la Révolution de 1789-93, nous savons
bien que cette symbiose n’allait pas de soi. En 1789, l’idée même de
République n’était pas à l’ordre du jour. Jean-Paul Marat, le seul ou
presque qui dans Les chaînes de l’esclavage en ait appelé dès les
années 1770 aux « feux de la sédition » et à la subversion violente ne
présentait pas la République comme une panacée. D’autres non plus même
s’ils ont laissé échapper le mot de Révolution, comme Jean-Jacques
Rousseau (« Nous vivons le temps des Révolutions »). Car pour les
observateurs ou les penseurs des Lumières finissantes, les républiques
contemporaines c’était Venise, vieille oligarchie décrépite, les
Pays-Bas ou les Cantons suisses, au pouvoir contesté d’élites fermées.
Certes, à ce tableau dissuasif y avait-il deux échappées qui redonnaient
au mot de République valeur d’idéal ou d’espoir : une dans le passé,
l’autre dans un présent encore incertain. Dans le passé, c’était la
République romaine, cette référence antique dont tous ou presque sont
alors imprégnés, référence morale et politique à des valeurs plus encore
qu’à des institutions anciennes. Dans le présent un présent que maniant
volontairement l’anachronisme je me risquerai à comparer au regard
interrogatif que nous portons aujourd'hui sur les Révolutions arabes se
déroulaient les épisodes que nous nous sommes accoutumés à désigner
comme les Révolutions atlantiques. Soit bien sûr, au premier rang, la
guerre d’indépendance des treize colonies américaines, qui devait donner
naissance à la République des États-Unis, dont il n’est pas question de
sous-estimer l’effet.
Un Impôt juste et redistributif est aussi un Droit de l'homme... que le patronnat cherche surtout à remettre en cause !
La République et l’impôt, Pierre Crétois*
Les questions de l’impôt et de la redistribution prennent tout
leur sens dans l’articulation la plus harmonieuse possible de la
protection des personnes et de l’intérêt commun.

Il ne s’agit pourtant pas de sacrifier l’individu au bien commun en lui imposant, par exemple, des sacrifices à travers des prélèvements obligatoires qui compromettraient l’accès aux ressources nécessaires. Dans une société individualiste, le bien commun passe par le respect absolu de l’intégrité des personnes. Ce point est d’importance car on s’aperçoit alors aisément qu’un enjeu essentiel pour une République convertie à l’individualisme, c’est l’articulation la plus harmonieuse possible de la protection des personnes et de l’intérêt commun. C’est dans ce cadre que les questions de l’impôt et de la redistribution prennent tout leur sens.
Restriction du droit de propriété ou modèle redistributif
La manière dont les républicains se sont positionnés par rapport à l’impôt dépend du contexte historique de leurs discours. Durant l’Ancien Régime, les premiers républicains modernes se sont efforcés de poursuivre les voies de l’émancipation individuelle notamment en s’opposant à l’imposition confiscatoire exigée par les seigneurs affamant les paysans, ils ont pu alors, et dans ce contexte, s’opposer à l’impôt et promouvoir la protection absolue de la propriété individuelle. Par ailleurs, jaloux de l’indépendance et de la vertu civique, les premiers républicains considéraient que l’État n’avait pas à remplir les greniers des particuliers mais seulement à s’assurer que chacun puisse se procurer le nécessaire par son propre travail sans avoir à se soumettre au pouvoir d’autrui. Mieux encore, si la redistribution est une manière de déléguer à des fonctionnaires le soin de la chose publique, elle est, pour les premiers républicains, le signe de la corruption des mœurs. Chacun doit, en effet, donner directement de sa personne pour la chose publique. Les premiers républicains modernes avaient donc tendance à être sinon défavorables au moins critiques à l’égard de l’impôt et de la redistribution.
Lutte contre l'extrême-droite : Face à ce danger, le mouvement communiste devrait se réapproprier le meilleur de la tradition nationale.
Que pouvait-on répondre philosophiquement aux nationalismes
triomphants des années 1930 ? Fallait-il leur opposer un refus pur et
simple de la nation ? Henri Lefebvre en 1936 s'engageait dans la voie
contraire. Le nationalisme prétendait défendre la nation ? Henri
Lefebvre montre qu'en réalité il menaçait son unité. En désignant un «
ennemi intérieur », il créait les conditions d'une guerre civile larvée.
Face à ce danger, le mouvement communiste devait se réapproprier le
meilleur de la tradition nationale.
Par Henri Lefebvre, (1901-1991),
philosophe. Il a notamment enseigné aux universités de Strasbourg et de Nanterre.
" Dans l'antipatriotisme proprement dit, plusieurs éléments peuvent
se discerner. Il a souvent comporté une solidarité profonde avec le
prolétariat et les opprimés de tous les pays. Dans certaines
circonstances, ce sentiment s'est violemment opposé au sentiment
national. Mais une opposition aussi nette et absolue porte la marque
d'une conscience encore hésitante, qui sépare les faits et les idées, et
n'en voit pas les rapports. Il n'est pas prouvé que le sentiment
national soit nécessairement autarcique et impérialiste. Ses origines
sont révolutionnaires. D'une part, il n'est pas davantage démontré que
l'internationalisme soit exclusif du sentiment national. Certes Marx et
Engels ont déclaré que les prolétaires n'ont pas de patrie ; ils ne
doivent pas se considérer comme liés par un sentiment de fidélité à un
ensemble de choses et d'institutions qui n'ont de réalité et de sens que
dans certains rapports de propriété. Mais Marx et Engels n'ont jamais
dit que le prolétariat était sans nationalité, et ne se trouvait pas
devant des problèmes nationaux. L'opposition absolue entre le sentiment
national et l'internationalisme n'est pas marxiste ; car aucune
affirmation absolue n'est dialectique. Elle exprime une maladresse
idéologique. L'antipatriotisme de principe ressemble aux premières
réactions des ouvriers devant les machines ; ils voulaient les détruire.
Ils ont peu à peu compris que ce n'était pas la solution. Il ne faut
pas plus détruire la technique administrative, la machine étatique
nationale que les machines des entreprises et le système comptable des
banques. Il faut les remanier et les utiliser suivant les exigences qui
sont celles du prolétariat et en même temps celle de la civilisation
industrielle moderne.
Deux nations dans la nation
Le prolétariat a eu parfaitement raison de se défier d'un sentiment que ses maîtres surent capter et diriger. Il faut un degré plus élevé de conscience pour comprendre la plasticité du sentiment national, sa spiritualité, son lien complexe avec la politique – pour comprendre que son caractère réactionnaire lui est venu de certaines circonstances précises et modifiables. Le sentiment national a été capté et utilisé politiquement contre la nation authentiquement réelle, contre le peuple. Mais le prolétariat peut à son tour s'en emparer ou récupérer l'œuvre spirituelle de la communauté populaire. Délivré du fétichisme et des rites formels, le sentiment national n'est-il pas l'amour d'un sol imprégné de présence humaine, l'amour d'une unité spirituelle lentement élaborée par les travaux et les loisirs, les coutumes et la vie quotidienne d'un peuple entier ? Dès que l'on comprend cela, on comprend aussi que la culture nationale, en se séparant de ce contenu et de ce fondement vivant, devient formelle, abstraite, et se disperse, s'exténue, s'enfonce dans la vulgarité bourgeoise. Alors la communauté dans la nationalité prend toute sa signification. L'antipatriotisme peut passer pour un sentiment national refoulé et frustré. Les richesses matérielles et spirituelles de la communauté échappaient à ceux qui contribuaient si profondément à leur création. Elles leur échappent encore dans la plupart des pays du monde. Une classe de maîtres, une petite minorité les a confisquées. La communauté nationale n'est pas accomplie. Il y a deux nations dans la nation [...].
dimanche 27 octobre 2013
Ag de l'ANPNPA : le compte rendu de Rosa Moussaoui dans l'Humanité du 15 octobre.
Pieds-Noirs. Le désir de tisser des liens entre « frères des terre ».
Martigues accueillait, samedi, l'assemblée générale de
l'association des pied-noirs progressistes et leurs amis. Il était
question de mémoire, d'amitié franco-algérienne, de lutte contre la
montée des idées d'extrême droite.
Il y a, entre eux, ce lien indicible et un peu mystérieux qui unit
les enfants d'un même pays natal. On le sent à la façon dont ils se
présentent, en déclinant leur ville de résidence en France et celle de
leur enfance, en Algérie. Mais il y a plus. Un élan de générosité, de
solidarité, de fraternité. Fraternité : ce mot était sur toutes les
lèvres, il semblait imprégner chaque geste, samedi, à Martigues, lors de
l'assemblée générale de l'Association des Pieds-Noirs Progressistes et
leurs Amis (ANPNPA). Née il y a cinq ans, à l'initiative d'une poignée
d'amis, l'association a bien grandi. Elle compte aujourd'hui près de
trois cents membres et multiplie les rencontres, les initiatives, les
voyages de l'autre côté de la Méditerranée. Ses objectifs ? «
Renforcer les liens d'amitié entre les peuples français et algérien et
lutter contre la montée du racisme, de la xénophobie, des idées
d'extrême droite », résume son Président, Jacques Pradel,
un homme chaleureux, natif des Hauts Plateaux. A l'écouter, à le voir
plaisanter en arabe dialectal avec ses amis, on se dit qu'on est aux
antipodes de la caricature du pied-noir raciste et nostalgique de la
colonisation véhiculée par ces officines d'extrême droite qui pullulent
sur la côte méditerranéenne.
Hôte de la rencontre, le Député Maire communiste de Martigues, Gaby Charroux, lui-même natif d'Alger, se réjouit de voir cette caricature battue en brèche. «
Cette association est dans le souvenir, la mémoire, mais surtout dans
la projection vers un avenir de réconciliation. La libre décision des
peuples et leur indépendance sont des vérités de l'histoire, expose
l'élu. Il y a eu chez de nombreux pieds-noirs une crispation, une
souffrance immense qui n'a jamais été dépassée. Cette souffrance est
manipulée par l'extrême droite. Au contraire, l'Association des
pieds-noirs progressistes porte des valeurs de solidarité, de
fraternité, d'ouverture. Elle prouve que tous les pieds-noirs ne sont
pas enrôlés dans les bataillons d'électeurs du Front national. »
lundi 14 octobre 2013
Émanciper le présent du passé colonial : interview de Jacques Pradel, Président de l'ANPNPA dans le journal Cerise.
Face à
la montée de l’islamophobie et de l’extrême droite, rompre avec les
lectures coloniales et racistes, ainsi qu’avec les tabous de “l’histoire
officielle”, est une ardente obligation. Entretien avec Jacques Pradel,
président de l’Association nationale des Pieds Noirs progressistes et
de leurs amis (ANPNPA).
Plus de quarante ans après la fin de la guerre d’Algérie et le départ de la majorité des Pieds Noirs pour le continent, pourquoi se mobiliser en tant que “Pieds Noirs progressistes” ?
Nous avons deux raisons d’accoler progressiste à Pied Noir. D’une part, il s’agit de dénier aux associations qui regroupent anciens de l’OAS et Pieds Noirs nostalgiques bornés de l’Algérie française, qu’il faut distinguer des “amicales”, éventuellement sympathiques, le droit de parler au nom de nous tous. Les Pieds Noirs se sont resitués dans les contradictions de la société française et se distribuent sur l’ensemble de l’échiquier politique. Nous entendons ainsi porter témoignage, en tant que Pieds Noirs, de ce que furent la colonisation, la guerre d’indépendance et les crimes commis durant 132 ans par la France en Algérie. De ce point de vue, notre association aurait pu être créée plus tôt.
D’autre part, nous entendons prendre toute notre place pour combattre la montée des idées de l’extrême droite, si entretenues et banalisées sous Sarkozy, si peu et si mal contredites aujourd’hui sous Hollande. Combattre notamment, en tant que Pieds Noirs et enfants d’Algérie, la réactivation du racisme anti-“arabe”, ce relent de notre passé colonial.
Vous essayez de briser le monopole des discours “officiels” à propos de l’Algérie - discours des “nostalgériques” d’une part, discours de l’État algérien et de l’État français d’autre part. Quelles sont les difficultés de ce combat ?
Le discours “nostalgérique” est très primaire, réduisant la conquête de l’Algérie à la nécessité, en 1830, de libérer les esclaves chrétiens d’Alger du joug ottoman, la colonisation aux “aspects positifs”, et la guerre aux massacres du FLN !
Rien ne sert de s’y arrêter, sinon pour relever combien ce discours est utilisé en France par le FN bien sûr, mais aussi par la droite “classique”. Pour celle-ci, il s’agit moins de séduire l’électorat pied noir, qui vote comme les autres Français, que d’adresser un message aux électeurs d’extrême droite (1).
Quant aux États, ils démontrent la même volonté d’occultation. En France, l’histoire commune avec l’Algérie n’a jamais cessé d’être interprétée et ces interprétations d’être prises comme arguments dans le débat politique national. Le précédent gouvernement, Sarkozy, ne déviant en rien de sa ligne politique de compromission avec l’extrême droite, ne prit aucune initiative positive vers l’Algérie, et continua d’alimenter les campagnes odieuses de réhabilitation de l’OAS, les caresses, maladroites, adressées aux associations de harkis et de Pieds Noirs “nostalgériques”.La ligne du gouvernement dirigé par le Parti socialiste, heureusement d’une autre nature, reste cependant bien loin de l’ouverture nécessaire. Ainsi, tandis que le président Hollande reconnaît « la sanglante répression », et non le crime d’État que fut le massacre de centaines d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, le ministre Le Drian rend très officiellement hommage au sinistre général Bigeard. Si un pas en avant a été franchi avec la visite du Président en Algérie et ses discours sur le « caractère injuste et brutal de la colonisation », de tels propos restent très timides pour qualifier le fait colonial et les crimes qui l’ont accompagné.
En Algérie, la nébuleuse politico-militaire au pouvoir depuis l’indépendance n’a cessé de formater l’histoire pour conforter sa domination autoritaire et sans partage. Dès l’indépendance, le parti unique FLN a imposé une version “culturaliste” de l’identité nationale algérienne, gommant la richesse formidable que constituent les diversités ethniques, linguistiques et culturelles du pays. Ce que Ben Bella dans un de ses premiers discours de 1962 résumait par « Nous sommes arabes, nous sommes arabes, nous sommes arabes ! … Et l’Algérie est un pays arabe et musulman »…
L’enseignement de l’histoire (tel que toujours pratiqué !) complète le tableau en posant que l’Algérie n’a qu’une histoire, et que celle-ci commence avec les invasions arabes et se termine avec une guerre d’indépendance idéalisée, menée par le peuple héroïque uni derrière le FLN et l’Islam face au colonialisme français.
Aujourd’hui, face à une situation sociale particulièrement tendue et à un système politique bloqué, la caste au pouvoir n’a d’autre projet que de maintenir sa domination.
À cette fin, elle déploie ses deux armes favorites : un autoritarisme administratif et policier pour contenir la contestation sociale, et, en balance, une version purement idéologique et falsificatrice de l’histoire pour conforter l’identité, la fierté, la solidarité nationales. Dans le même temps, la “guerre des mémoires” a été soigneusement entretenue par un jeu de surenchères réciproques, qui culmina avec la menace coté algérien d’une loi exigeant la « repentance », brandie en réponse au projet français d’une loi évoquant les « aspects positifs » de la colonisation.
Ces discours ont largement pénétré les consciences, d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Comment procédons-nous pour les combattre et les dépasser ? En Algérie, par des “voyages militants”, tolérés et ignorés par le pouvoir, mais remplis de débats, de rencontres avec des associations, d’articles dans la presse francophone, d’interviews radio… mais aussi par le suivi des contacts établis et par des actions menées en commun. En France, par des initiatives visant au renforcement de l’amitié entre les peuples des deux rives, par un engagement contre le racisme et la xénophobie, par la contestation publique du discours “nostalgérique”. Il est, de ce point de vue, particulièrement important pour nous de prendre langue, d’échanger, de travailler ensemble, avec nos frères algériens ou d’origine algérienne, avec des associations qui les représentent dans nos villes et nos quartiers.
Plus de quarante ans après la fin de la guerre d’Algérie et le départ de la majorité des Pieds Noirs pour le continent, pourquoi se mobiliser en tant que “Pieds Noirs progressistes” ?
Nous avons deux raisons d’accoler progressiste à Pied Noir. D’une part, il s’agit de dénier aux associations qui regroupent anciens de l’OAS et Pieds Noirs nostalgiques bornés de l’Algérie française, qu’il faut distinguer des “amicales”, éventuellement sympathiques, le droit de parler au nom de nous tous. Les Pieds Noirs se sont resitués dans les contradictions de la société française et se distribuent sur l’ensemble de l’échiquier politique. Nous entendons ainsi porter témoignage, en tant que Pieds Noirs, de ce que furent la colonisation, la guerre d’indépendance et les crimes commis durant 132 ans par la France en Algérie. De ce point de vue, notre association aurait pu être créée plus tôt.
D’autre part, nous entendons prendre toute notre place pour combattre la montée des idées de l’extrême droite, si entretenues et banalisées sous Sarkozy, si peu et si mal contredites aujourd’hui sous Hollande. Combattre notamment, en tant que Pieds Noirs et enfants d’Algérie, la réactivation du racisme anti-“arabe”, ce relent de notre passé colonial.
Vous essayez de briser le monopole des discours “officiels” à propos de l’Algérie - discours des “nostalgériques” d’une part, discours de l’État algérien et de l’État français d’autre part. Quelles sont les difficultés de ce combat ?
Le discours “nostalgérique” est très primaire, réduisant la conquête de l’Algérie à la nécessité, en 1830, de libérer les esclaves chrétiens d’Alger du joug ottoman, la colonisation aux “aspects positifs”, et la guerre aux massacres du FLN !
Rien ne sert de s’y arrêter, sinon pour relever combien ce discours est utilisé en France par le FN bien sûr, mais aussi par la droite “classique”. Pour celle-ci, il s’agit moins de séduire l’électorat pied noir, qui vote comme les autres Français, que d’adresser un message aux électeurs d’extrême droite (1).
Quant aux États, ils démontrent la même volonté d’occultation. En France, l’histoire commune avec l’Algérie n’a jamais cessé d’être interprétée et ces interprétations d’être prises comme arguments dans le débat politique national. Le précédent gouvernement, Sarkozy, ne déviant en rien de sa ligne politique de compromission avec l’extrême droite, ne prit aucune initiative positive vers l’Algérie, et continua d’alimenter les campagnes odieuses de réhabilitation de l’OAS, les caresses, maladroites, adressées aux associations de harkis et de Pieds Noirs “nostalgériques”.La ligne du gouvernement dirigé par le Parti socialiste, heureusement d’une autre nature, reste cependant bien loin de l’ouverture nécessaire. Ainsi, tandis que le président Hollande reconnaît « la sanglante répression », et non le crime d’État que fut le massacre de centaines d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, le ministre Le Drian rend très officiellement hommage au sinistre général Bigeard. Si un pas en avant a été franchi avec la visite du Président en Algérie et ses discours sur le « caractère injuste et brutal de la colonisation », de tels propos restent très timides pour qualifier le fait colonial et les crimes qui l’ont accompagné.
En Algérie, la nébuleuse politico-militaire au pouvoir depuis l’indépendance n’a cessé de formater l’histoire pour conforter sa domination autoritaire et sans partage. Dès l’indépendance, le parti unique FLN a imposé une version “culturaliste” de l’identité nationale algérienne, gommant la richesse formidable que constituent les diversités ethniques, linguistiques et culturelles du pays. Ce que Ben Bella dans un de ses premiers discours de 1962 résumait par « Nous sommes arabes, nous sommes arabes, nous sommes arabes ! … Et l’Algérie est un pays arabe et musulman »…
L’enseignement de l’histoire (tel que toujours pratiqué !) complète le tableau en posant que l’Algérie n’a qu’une histoire, et que celle-ci commence avec les invasions arabes et se termine avec une guerre d’indépendance idéalisée, menée par le peuple héroïque uni derrière le FLN et l’Islam face au colonialisme français.
Aujourd’hui, face à une situation sociale particulièrement tendue et à un système politique bloqué, la caste au pouvoir n’a d’autre projet que de maintenir sa domination.
À cette fin, elle déploie ses deux armes favorites : un autoritarisme administratif et policier pour contenir la contestation sociale, et, en balance, une version purement idéologique et falsificatrice de l’histoire pour conforter l’identité, la fierté, la solidarité nationales. Dans le même temps, la “guerre des mémoires” a été soigneusement entretenue par un jeu de surenchères réciproques, qui culmina avec la menace coté algérien d’une loi exigeant la « repentance », brandie en réponse au projet français d’une loi évoquant les « aspects positifs » de la colonisation.
Ces discours ont largement pénétré les consciences, d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Comment procédons-nous pour les combattre et les dépasser ? En Algérie, par des “voyages militants”, tolérés et ignorés par le pouvoir, mais remplis de débats, de rencontres avec des associations, d’articles dans la presse francophone, d’interviews radio… mais aussi par le suivi des contacts établis et par des actions menées en commun. En France, par des initiatives visant au renforcement de l’amitié entre les peuples des deux rives, par un engagement contre le racisme et la xénophobie, par la contestation publique du discours “nostalgérique”. Il est, de ce point de vue, particulièrement important pour nous de prendre langue, d’échanger, de travailler ensemble, avec nos frères algériens ou d’origine algérienne, avec des associations qui les représentent dans nos villes et nos quartiers.
lundi 7 octobre 2013
Municipales 2014 : Quelques interventions lors du Conseil National du PCF du 5 et 6 octobre.
Pour voir l'intervention de Michel Passet lors du CN du 6 octobre, elle est sur le site de la FD PCF 34. Voir aussi l'appel départemental sur la question.
Ci-dessous, l'intervention de Pierre Laurent lors de la conclusion de la rencontre des animateurs du Parti et Yann Le Pollotec sur les règles des élections municipales de 2014.
Municipales 2014 - Réunion nationale des... par CN-PCF
Elections municipales et communautaires : les... par fede76
Ci-dessous, l'intervention de Pierre Laurent lors de la conclusion de la rencontre des animateurs du Parti et Yann Le Pollotec sur les règles des élections municipales de 2014.
Municipales 2014 - Réunion nationale des... par CN-PCF
Elections municipales et communautaires : les... par fede76
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