Un préalable : tout gouvernement de gauche demain doit abolir la LRU et revenir sur les « labellisations d’excellence » qui sont, en vérité, non de simples « labels », mais visent à remodeler profondément la recherche française, à la rendre compatible avec la concurrence « libre et non faussée » lancée par le processus de Bologne et la stratégie de Lisbonne. La connaissance est incompatible avec le marché capitaliste.
Une idée centrale : la qualité, quête permanente inhérente à toute activité humaine, préside à l’exercice des métiers de la recherche ; elle est également indissociable avec le processus de l’enseignement, c’est-à-dire de la formation des jeunes, de la diffusion du savoir, mission confiée à l’université et qui s’articule avec son rôle comme lieu de recherche. La qualité s’oppose à la notion « d’excellence », dans son acception actuelle connotée et concurrentielle.
Une constatation : nous ne sous-estimons pas les besoins réels tant en coopération inter – et intra – disciplinaires, en articulation entre recherche fondamentale et appliquée, en développement de grands équipements dont la recherche a besoin dans tous les domaines. Mais nous pensons qu’au lieu d’un Grand emprunt, qui fait dépendre ces besoins des intérêts de placements, donc d’un financement aléatoire, la gauche doit donner à la recherche et à l’université les moyens stables nécessaires, y compris en postes. L’enseignement supérieur et la recherche publique sont des services publics qui doivent le demeurer.
1. Labex
Conçus pour déstructurer les équipes et casser les synergies existantes considérées comme insuffisamment dynamiques ou non « innovantes », les Labex ont incité aux regroupements ad hoc d’individus autour de projets répondant à des cadres thématiques supposés porteurs, censés donner des résultats dans une période temporelle déterminée. Ils ont fait fi des projets déjà existants, du travail engagé dans la durée parfois depuis longtemps.
Leur lancement a donné des illusions de financement conséquent, mais l’argent accordé, d’après les indications du ministère concernant ceux de la première vague, est soumis à plusieurs conditions, dont la plus importante est le non-cumul avec un financement Idex. Un acompte de 10% pour les 100 « élus » et le reste, en moyenne 10 millions d’€, sera perçu « annuellement jusqu’en 2020 », avec incitation de compléter par des sommes obtenues auprès des collectivités locales ou du privé.
Selon les disciplines et les endroits, les Labex ont été diversement utilisés : souvent, ils ont constitué le premier pas vers les projets Idex, donc sont devenus des enjeux de pouvoir pour des « notables » universitaires ; ou bien ils ont été considérés comme des moyens de financement, en l’absence de crédits récurrents qui sont en diminution constante et compromettent parfois équipes et disciplines ; ou enfin, notamment en SHS, ils ont mis au jour, grâce à un « habillage scientifique » (ou pseudo-scientifique) intéressant, de réels besoins de travail transversal et de communication entre différentes entreprises scientifiques. Or, pour mener ces projets, nul besoin de passer par un chantage.
Suppression des Labex signifie retour au laboratoire comme structure de base de la recherche. Aujourd’hui, ces unités de base sont dans leur grande majorité des UMR, dont il convient d’encourager et de souligner le caractère mixte, en rétablissant ainsi le lien entre EPST et universités. Cela suppose aussi de revenir sur l’accord entre la CpU et les organismes. La CPU n’a aucune représentativité ni aucun mandat comparables aux institutions des organismes. De plus, le PCF souhaite aller vers la dé-présidentialisation de l’ensemble de nos institutions.