L’accès à la science pour tous était une conception révolutionnaire, elle ébranlait les fondements religieux de la cité, elle a valu à Socrate sa condamnation à mort.
Quels sont les changements intervenus pour les chercheurs ?
Les changements sont rapides et très inquiétants. Jamais la paperasse
n’a été aussi envahissante. La pratique des contrats à court terme amène
les chercheurs à mobiliser leurs forces pour obtenir des contrats puis
d’autres contrats, au détriment de la recherche proprement dite. Les
jeunes font un long parcours du combattant comme allocataires,
assistants provisoires ou postdoc en espérant un poste permanent, et
s’ils ont la chance d’être recrutés ils entrent dans un système où
l’instabilité est programmée : c’est la politique générale de la
recherche qui est en cause, avec Lisbonne et l’économie de la
connaissance, avec la Loi relative aux libertés et responsabilités des
universités (LRU) bien mal nommée, avec l’Agence nationale de la
recherche (ANR) qui focalise les énergies, juste en ce moment, pour en
obtenir des contrats, et avec la chasse aux contrats européens.
La réaction à ces changements dans le milieu se situe entre révolte et résignation. La révolte a eu lieu il y a 4 ans, avec la naissance du mouvement Sauver la recherche. En apparence, l’atmosphère est à la résignation : pour vivre et avoir les moyens de travailler, il faut bien passer sous les fourches caudines. Mais la révolte gronde sous la cendre ; elle peut être, ou non, un ferment de conscience politique pour mettre en cause le système actuel et le capitalisme lui-même.
La réaction à ces changements dans le milieu se situe entre révolte et résignation. La révolte a eu lieu il y a 4 ans, avec la naissance du mouvement Sauver la recherche. En apparence, l’atmosphère est à la résignation : pour vivre et avoir les moyens de travailler, il faut bien passer sous les fourches caudines. Mais la révolte gronde sous la cendre ; elle peut être, ou non, un ferment de conscience politique pour mettre en cause le système actuel et le capitalisme lui-même.
La course à l’excellence avec la politique des laboratoires et initiatives d’excellence fausse la pratique de l’évaluation : l’évaluation peut être le paravent d’une entreprise de démolition. De cela le milieu prend conscience. Un signe parmi d’autres : le conseil scientifique du CNRS lance un cri d’alerte sur les conséquences négatives de la création des nouvelles structures telles que Labex et Idex sur l’ensemble de la recherche en France